L’excision et les Mutilations Génitales Féminines (MGF)

17/03/2023

L’excision, anciennement appelée circoncision féminine, est une pratique appartenant à la famille des mutilations génitales féminines (MGF). Les MGF regroupent un ensemble de pratiques utilisées pour contrôler la sexualité et l’autonomie des femmes. Ce phénomène qui représente un enjeu de santé publique majeur, est très présent dans certaines régions d’Afrique.

Ces dernières années, cette pratique est devenue une préoccupation croissante dans le monde entier. Cet intérêt nait d’une prise de conscience accrue et de l’émigration des populations des régions où elle est pratiquée. Les MGF sont une pratique dangereuse qui peut entraîner des dommages physiques et psychologiques à long terme, voire la mort des jeunes filles.

Définition

Le terme « MGF » désigne « toutes les interventions consistant en une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques».

Selon l’UNICEF, les MGF peuvent être classées en 4 catégories:

Les MGF de type I :

Elles regroupent toutes les pratiques aboutissant à l’ablation partielle ou totale du clitoris. On peut désigner cet acte sous le nom de clitoridectomie.

Les MGF de type II :

Rassemblent quant à elles les pratiques que l’on qualifie médicalement d’excision. L’excision regroupe les mutilations partielles ou totales du clitoris et des petites et/ou grandes lèvres.

Les MGF de type III :

Regroupent ce qu’on appelle les infibulations. Une infibulation est une suture de la plus grande partie des grandes et/ou des petites lèvres de la vulve afin de ne conserver qu’un mince espace (appelé pertuis) permettant de laisser s’écouler l’urine et les menstruations. Ceci est une coutume pratiquée à des fins de contrôle de la femme. Effectivement, elle a pour but d’empêcher les relations sexuelles vaginales hors mariage, pendant les grossesses ou encore lorsque le mari est en déplacement prolongé. L’infibulation est souvent accompagnée d’une excision clitoridienne et de l’ablation des petites lèvres.

Les MGF de type IV :

Ce sont toutes les autres interventions nocives pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non thérapeutiques. On peut citer la ponction, le percement, l’incision du clitoris et ou des lèvres. Figurent dans cette catégorie également l’étirement du clitoris et ou des lèvres, la cautérisation par brulure du clitoris et des tissus environnants, la scarification des tissus entourant l’orifice vaginal, l’incision du vagin. On peut rajouter l’introduction de substances ou d’herbes corrosives dans le vagin pour provoquer un saignement ou un resserrement, et toute autre pratique représentant une MGF.

Selon le contexte, les MGF sont soit le fait de praticiens traditionnels qui pratiquent sans anesthésie ni hygiène médicale appropriée avec des instruments grossiers, ce qui expose les femmes à des risques d’infection et de complications graves, Soit pratiquées dans un établissement sanitaire par du personnel qualifié.

Pourquoi une telle pratique ?

L’excision et les MGF sont en général pratiquées pour des raisons socio culturelles. Si on fait des raccourcis grossiers, on pourrait dire que ces raisons sont dirigées vers un objectif : contrôler la vie sexuelle de la femme. La déclaration commune de l’OMS/UNICEF/FNUAP regroupe des résultats de plusieurs recherches sur les causes de ces pratiques. Elles sont subdivisées en plusieurs points :

Raisons religieuses: les MGF sont pratiquées par divers bords religieux : musulmans, chrétiens, animistes, non croyants. Parmi ceux ci, certains le pratiquent avec conviction religieuse, bien que la pratique de l’excision date d’avant les religions. De plus il n’a pas été prouvé qu’une quelconque religion encourage ces pratiques.

Raisons mythiques : Accroître la fécondité et favoriser la survie de l’enfant.

Raisons sociologiques : Initiation des jeunes filles qui vont devenir des femmes. En accord avec l’héritage culturel, cela permettrait leur intégration sociale et le maintien de la cohésion sociale.

Raisons d’hygiène et d’esthétiques : Les organes génitaux de la femme sont réputés sales et laids. Leur ablation permettrait hygiène et attractivité.

Raisons psychosexuelles : Atténuer le désir sexuel chez la femme, maintenir la chasteté et la virginité avant le mariage. Maintenir la fidélité au cours du mariage, et accroître le plaisir sexuel de l’homme. La zone sensible des organes externes, notamment le clitoris, est réduite ou supprimée.

Statistiques et prévalence

On constate que l’excision et les MGF touchent tous les âges. Elles sont parfois pratiquées chez les nouveau-nés, sur des jeunes enfants, des adolescents et même des adultes.

Les MGF sont reconnues comme des violations des droits de l’homme. Pour autant, elles sont répandues sur les 3 continents, l’Afrique subsaharienne étant la région la plus touchée. Plus de 200 millions de femmes et de filles, encore en vie, et réparties dans 31 pays, ont été victimes de MGF. La moitié des victimes de l’excision vivent en Egypte, en Ethiopie et en Indonésie. La majorité ont été excisées avant l’âge de 15 ans.

Le type de MGF le plus courant est l’excision du clitoris et des petites lèvres. Il représente 80% des cas. L’infibulation représente quant à elle 15% des cas, et est pratiquée en majorité à Djibouti, en Somalie, et dans le nord du Soudan.

On estime à plus de 2 millions le nombre de jeunes filles exposées à des mutilations sexuelles chaque année.

Les conséquences de l’excision et des MGF sur les jeunes filles

Les conséquences sont en général de l’ordre des complications post interventions, que ce soit physique ou psychologique. Les effets peuvent être observés à court terme ou à long terme.

Les complications à court terme de l’excision

A court terme, les complications qu’on peut observer sont :

  • Douleur intense
  • Choc
  • Hémorragie
  • Tétanos ou septicémie
  • Rétention urinaire
  • Ulcération des parties génitales
  • Lésion des tissus adjacents

Ces complications peuvent engendrer la mort dans certains cas.

Les complications à long terme de l’excision

Les effets à long terme des MGF sur les jeunes filles sont dévastateurs, tant sur le plan physique que psychologique. En plus d’être incroyablement douloureuse, cette procédure peut provoquer des infections chroniques, la stérilité, des kystes, des abcès, la formation de chéloïdes cicatriciels. On observe également des lésions de l’urètre qui se traduisent par une incontinence urinaire, les rapports sexuels douloureux (ou dyspareunie) et des dysfonctionnements sexuels. Des saignements excessifs, la stérilité, des menstruations douloureuses, des difficultés à uriner et à aller à la selle, des traumatismes psychosexuels ou des troubles de l’anxiété à un stade ultérieur de la vie peuvent aussi être observés.

L’infibulation peut avoir pour conséquence des difficultés à uriner, des cicatrices, une dysménorrhée, des infections récurrentes de la vessie et des voies urinaires. De plus, suite à ue infibulation, le risque d’hémorragie et d’infection est découplé au cours de l’accouchement.

Les effets psychologiques de l’excision et des MGF

Les femmes mutilées sont marquées à vie.

Outre les dysfonctionnement sexuels, les douleurs, complications et autres cicatrices disgracieuses, elles doivent vivre avec la réalité qu’on a voulu supprimer leur féminité et qu’on cherche à les contrôler.

Le traumatisme s’enfouit profondément dans le subconscient et provoquer des troubles du comportement.

Une perte de confiance dans le personnel soignant a été observée également.

A long terme les femmes peuvent se sentir déprimées, irritables, diminuées physiquement, anxieuses, et devenir frigides.

Les actions entreprises pour lutter contre l’excision

Stop excision et MGF

Bien que les mutilations génitales féminines n’aient aucune justification médicale, elles persistent dans de nombreux pays. Des normes culturelles et de stéréotypes les considèrent comme nécessaires à l’acceptation sociale ou à l’amélioration de la capacité à se marier. Les victimes de ces pratiques dangereuses, contraintes par leur famille, n’ont guère leur mot à dire.

Heureusement, des organisations se consacrent à la lutte contre les mutilations génitales féminines dans le monde entier. Elles encouragent l’éducation sur les dangers des MGF, et font campagne pour des politiques qui protègent les jeunes femmes contre la pratique de cette procédure sans leur consentement éclairé. Elles sensibilisent également les jeunes filles à d’autres rites de passage, afin qu’elles puissent grandir sans courir ce risque.

Campagnes de sensibilisation

La sensibilisation aux dangers des mutilations génitales féminines est essentielle pour mettre fin à leur pratique. Des organisations comme Equality Now et 28 Too Many sont à la tête d’efforts visant à éduquer les gens dans le monde entier sur les méfaits des MGF.

Leurs campagnes ont pour but d’informer, d’engager et de mobiliser les individus et les organisations pour qu’ils agissent contre cette pratique dans leurs communautés locales.

Loi et législation

Ces dernières années, de nombreux pays africains ont adopté des lois visant à criminaliser les mutilations génitales féminines. Il s’agit là d’un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup à faire pour que ces lois soient appliquées et que les contrevenants soient tenus pour responsables. Les responsables gouvernementaux doivent également poursuivre leurs efforts pour éduquer les parents sur les méfaits des mutilations génitales féminines et promouvoir d’autres rites de passage.

Les obstacles à l’élimination de l’excision

Résistance des communautés

l’opposition des parents à l’abolition de cette pratique traditionnelle est l’un des plus grands obstacles à la lutte contre l’excision. Les parents, en particulier les mères, peuvent y voir un rite de passage important et une expression de leur identité culturelle qui lie leurs filles à leur groupe ethnique. Ils pensent également qu’elle contribuera à protéger les filles contre les dommages physiques et à améliorer leurs perspectives de mariage. Certains parents peuvent également craindre que s’ils ne suivent pas la tradition, leur famille ou leur communauté les rejette ou les punisse.

Manque de soutien gouvernemental et l’application de la loi

Dans de nombreux pays, les lois visant à mettre fin à l’excision ne sont pas appliquées de manière efficace. Cela s’explique par un manque de ressources pour la mise en œuvre, et par des attitudes culturelles qui considèrent l’excision comme une pratique acceptable. En outre, les fortes croyances traditionnelles au sein des communautés peuvent empêcher les gouvernements d’appliquer les lois contre l’excision lorsqu’elles existent.

Manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé

Le manque de services d’éducation et de soins de santé dans certaines régions du monde peut rendre difficile l’éducation des jeunes filles et de leurs familles sur les risques associés à l’excision. Sans connaissance adéquate des conséquences potentielles, l’excision peut se poursuivre à pratiquer.

Conclusion

Les mutilations génitales féminines sont une pratique dangereuse. Elle peut avoir des effets physiques et psychologiques à long terme sur les jeunes filles. Les gouvernements, les organisations et les individus doivent travailler ensemble pour sensibiliser aux méfaits des mutilations génitales féminines. Ceci aidera les jeunes femmes à grandir sans que leur corps ne soit inutilement modifié ou altéré. Enfin, elles ne sentiront pas obligées de subir des mutilations génitales féminines.

Afin de mettre un terme à cette pratique barbare une fois pour toutes, il est essentiel que nous fassions tous notre part pour contribuer à la sensibilisation aux risques et aux dangers des mutilations génitales féminines. Nous devons veiller à ce que les jeunes filles puissent profiter de leur enfance sans craindre d’être victimes de violences sexuelles ou de complications mettant leur vie en danger si elles subissent ces procédures sans leur consentement éclairé. Avec des mesures de protection accrues et une éducation publique continue, cela sera possible.


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