La prééclampsie est une complication grave qui peut survenir pendant la grossesse. Selon le VIDAL, elle est causée par une malformation des vaisseaux sanguins du placenta et provoque une souffrance du fœtus et une hypertension artérielle chez la mère.
Cette maladie présente des complications graves comme la crise d’éclampsie, et peut conduire à une hospitalisation. En l’absence d’amélioration pour la mère ou le fœtus, un accouchement précoce, voire une césarienne, peuvent être déclenchés.
Dans le monde, la prééclampsie et l’éclampsie touchent près de 3 % des femmes enceintes. Elles représentent près de 15% des décès liés à la grossesse. Elles constituent la troisième cause de mortalité maternelle dans le monde. La crise d’éclampsie quant à elle est observée dans moins de 1 % des cas de prééclampsies. En Afrique, la prévalence de cette entité pathologique en réanimation varie entre 12,3 et 29,7 %.
Diagnostic et facteurs de risque
La prééclampsie survient dans 70 à 75% des cas lors d’une première grossesse. Il est également possible d’avoir une occurrence lors des grossesses suivantes. Un changement de partenaire renforce la probabilité d’occurrence d’une nouvelle prééclampsie.
On identifie plusieurs facteurs de risque dans le cadre de la prééclampsie:
- un antécédent de pré-éclampsie
- une grossesse multiple
- une première grossesse (nulliparité)
- une hypertension chronique, une pathologie rénale ou encore un diabète
- une obésité (IMC supérieure à 30)
- être âgée de plus de 40 ans ou de moins de 18 ans,
- des antécédents familiaux de pré-éclampsie (mère, grand-mère…) : Un gène de la pré-éclampsie a été identifié en 2005 dans des familles touchées par la pré-éclampsie. Il s’agit de STOX1, un gène codant pour un facteur de transcription présent dans les cellules de l’utérus et du placenta. Une quinzaine d’autres gènes semblent également impliqués dans la maladie.
- un syndrome des ovaires polykystiques,
- une maladie auto-immune
- un changement de partenaire sexuel ou une insuffisance à l’exposition du sperme de son partenaire (port prolongé du préservatif)
Lors de la grossesse, la femme enceinte doit réaliser des examens obligatoires. Ceux-ci permettent de suivre le bon déroulé de la grossesse. Au cours de ces examens, si une tension artérielle élevée est relevée, un examen d’urine supplémentaire est prescrit. La présence de protéines dans l’urine confirme le diagnostic de prééclampsie dans les cas suivants :
- Une pression artérielle supérieure à 140 mmHg et/ou 90 mmHg survenant après la 20ème semaine d’aménorrhée (milieu du second trimestre). On parle d’ hypertension artérielle (HTA) gravidique ou gestationnelle ;
- Une protéinurie, avec concentration des protéines supérieure à 0,3 g/24 h dans les urines.
Causes et symptômes de la prééclampsie
La prééclampsie est due à des anomalies de la formation des vaisseaux sanguins du placenta. Le placenta est l’organe qui permet les échanges entre la mère et le fœtus. Le foetus ne reçoit pas suffisamment de nutriments et d’oxygène et développe un retard de croissance. La mère quant à elle, du fait du manque d’oxygénation du placenta, peut souffrir de divers effets. On peut citer une hypertension artérielle gravidique ( élévation anormale de la pression artérielle au cours de la grossesse), des lésions au niveau des vaisseaux des reins, du foie et du cerveau, ainsi que des troubles de la coagulation sanguine.
Il est essentiel pour les femmes enceintes de reconnaître les signes de la prééclampsie et de les signaler immédiatement à leur professionnel de santé. En cas d’absence de traitement dans les bons délais, la prééclampsie peut entraîner des complications dangereuses pour la mère et son bébé. Ces complications sont un accouchement prématuré, un faible poids de naissance, des dommages organiques et même la mort.
En cas de prééclampsie sévère, les symptômes suivants peuvent survenir :
- maux de tête persistants (céphalées) ;
- troubles visuels : sensibilité anormale à la lumière, tâches ou zones de brillance devant les yeux (phosphènes), vision trouble, diplopie (vision double), etc. ;
- acouphènes ;
- douleurs abdominales et nausées, vomissements ;
- diminution de la quantité des urines ;
- œdèmes et prise de poids rapide, en quelques jours;
- essoufflement.
Prévention et traitement
Une fois identifiée comme à risque, il est possible de prédire l’occurrence d’une prééclampsie chez une femme enceinte. Ceci se fait à partir de 20 semaines de grossesse, en dosant deux marqueurs biologiques, le PGF (Placenta Growth Factor), un facteur de croissance placentaire, et du SFLT1, un récepteur soluble du facteur de croissance vasculaire VEGF. Lorsque le rapport de ces deux facteurs est inférieur à 38, on peut, avec un niveau de certitude élevé, considérer que la grossesse n’est pas à risque de prééclamspsie. Par contre, l’inverse est moins certain.
L’aspirine comme préventif
En 2010, une méta-analyse a démontré que cette molécule réduisait de 2 à 4 fois le risque de pré-éclampsie si elle était administrée avant la 16ème semaine de grossesse. Malheureusement pour l’instant il n’existe aucun moyen de détecter la prééclampsie avant 20 semaines de grossesse.
Le traitement de la prééclampsie
En cas de prééclampsie avérée et selon le stade d’évolution de la maladie, le traitement se fait soit via hospitalisation, soit de façon médicamenteuse.
L‘hospitalisation est indispensable dès que le diagnostic est posé : afin de vérifier l’état de la mère et celui du foetus. Des examens sont effectués sur les deux, et suite à cela des décisions pourront être prises, comme la mise en place d’un traitement médical, ou encore le déclenchement du travail ou césarienne.
Dans le but de prolonger la grossesse le plus longtemps possible, des médicaments peuvent être prescrits. Des hypertenseurs par voie intraveineuse, des corticoïdes injectables permettant d’accélérer la maturation du fœtus en cas de pré-éclampsie avant la 34ème semaine d’aménorrhée, du sulfate de magnésium par voie intraveineuse s’il y a des symptômes faisant craindre la survenue d’une éclampsie, ou si un accouchement doit être déclenché précocement avant la 33ème semaine d’aménorrhée.
Si une aggravation soudaine survient avant la 24ème semaine de grossesse, il est possible que l’on propose une interruption médicale de grossesse (IMG).
La prééclampsie cesse avec la naissance de l’enfant et l’expulsion du placenta. Tous les traitements médicaux mis en œuvre lors de prééclampsie servent à maintenir la grossesse jusqu’à un terme compatible avec la survie du fœtus. Après l’accouchement, les symptômes s’estompent en quelques jours.
Les complications de la prééclampsie
Chez la mère
La crise d’éclampsie
La première complication est la crise d’éclampsie. Il s’agit de crises convulsives touchant le cerveau de la mère. Dans un premier temps la patiente roule des yeux. Les muscles de son visage et de ses mains se contractent légèrement. Ensuite, pendant environ trente secondes, ses muscles deviennent rigides. Elle cesse de respirer et peut se mordre la langue en serrant les dents. Au terme de cette phase, la contraction cesse mais de violents spasmes musculaires se déclenchent : ce sont les convulsions, qui durent environ deux minutes. La dernière phase est un coma. Il peut durer quelques minutes à plusieurs heures, et peut se compliquer d’un arrêt cardiaque.
L’HÉMATOME RÉTROPLACENTAIRE
On peut également observer cette complication. C’est un décollement prématuré du placenta provoquant un hématome (une poche de sang) entre le placenta et l’utérus. Ce décollement est douloureux et gêne, voire interrompt, les échanges sanguins entre la mère et le fœtus. En cas d’occurrence, une césarienne doit être pratiquée en urgence.
LE SYNDROME HELLP
Le syndrome HELLP (Hemolyse, Elevated Liver enzymes, Low Plaquettes) est une complication de la prééclampsie qui associe une destruction des globules rouges, des cellules du foie et des plaquettes sanguines. Dans ce cas, une césarienne doit également être pratiquée en urgence.
LES AUTRES COMPLICATIONS
D’autres complications de la prééclampsie peuvent survenir. On peut observer coagulation du sang dans les petits vaisseaux sanguins (coagulation intravasculaire disséminée), insuffisance rénale aiguë, rupture hémorragique du foie, accident vasculaire cérébral, œdème aigu du poumon, décollement de la rétine, par exemple.
Chez le foetus
Le fœtus peut souffrir :
- d’un retard de croissance pendant la grossesse ;
- d’une souffrance aiguë lors d’un hématome rétroplacentaire ou d’une crise d’éclampsie ;
- de prématurité, parfois extrême, et ses conséquences potentielles ;
- malheureusement de décès dans 2 à 5 % des cas (soit à cause du manque chronique d’oxygène et de nutriments, soit à la suite d’une complication aiguë).
La prééclampsie est une affection potentiellement dangereuse qui peut survenir pendant la grossesse. Il est important de connaître les signes et les symptômes de la prééclampsie et de consulter immédiatement votre médecin si vous les éprouvez. Un suivi médical régulier et un mode de vie sain peuvent aider à réduire le risque de développer la prééclampsie et à minimiser les risques pour vous et votre bébé. Si vous êtes diagnostiquée avec une prééclampsie, votre médecin travaillera avec vous pour déterminer le meilleur plan de traitement pour vous et votre bébé.
Chez SennaCare, nous sommes déterminés à aider les femmes enceintes à prendre soin de leur santé et de celle de leur bébé. Nous mettons à leur disposition une plateforme qui leur permet de prendre rendez-vous en ligne avec des professionnels de santé qualifiés pour une consultation en personne ou à distance. Nous leur offrons également un soutien personnalisé tout au long de leur grossesse pour s’assurer qu’elles sont en bonne santé et bien informées sur les signes de la prééclampsie et sur la manière de la prévenir.
Source :
- Pré éclampsie et ses complications : quelle prise en charge en Afrique
- Pré-éclampsie, Assurance maladie, 2021
- Pré-éclampsie : Une maladie de la grossesse fréquente et parfois gravissimet, INSERM, 2018
- PRÉÉCLAMPSIE, Vidal
FAQS
Comment savoir si j’ai la prééclampsie ?
Les signes et les symptômes de la prééclampsie incluent une pression artérielle élevée, la présence de protéines dans l’urine, des douleurs abdominales intenses, des maux de tête sévères, des nausées et vomissements, une vision trouble et un gonflement soudain des mains et des pieds. Si vous éprouvez l’un ou plusieurs de ces symptômes, consultez immédiatement votre médecin.
Comment la prééclampsie est-elle diagnostiquée ?
Le diagnostic de la prééclampsie se fait généralement lors d’un rendez-vous prénatal régulier. Durant celui-ci votre médecin vérifie votre pression artérielle et les niveaux de protéines dans votre urine. Si les résultats sont élevés, vous devrez peut-être subir d’autres tests, tels qu’une échographie, pour vérifier la santé de votre fœtus et le fonctionnement de vos organes.
La prééclampsie peut-elle causer des complications pour le fœtus ?
Oui, la prééclampsie peut causer des complications pour le fœtus. On peut observer une croissance ralentie, un faible poids à la naissance, une naissance prématurée, des problèmes respiratoires et une insuffisance cardiaque. Il est important de diagnostiquer et de traiter la prééclampsie dès que possible pour minimiser les risques pour vous et votre bébé.
Quelles sont les options de traitement pour la prééclampsie ?
Le traitement de la prééclampsie dépend de la gravité de l’affection et du stade de votre grossesse. Si vous êtes diagnostiquée avec une prééclampsie légère, votre médecin peut vous recommander de rester en observation à l’hôpital pour surveiller votre état et celui de votre bébé. Si la prééclampsie est plus sévère ou si vous êtes à un stade avancé de la grossesse, votre médecin peut vous recommander une induction du travail ou une césarienne pour livrer votre bébé et éviter des complications potentielles.
La prééclampsie est-elle dangereuse ?
Oui, la prééclampsie peut être une affection dangereuse pour la mère et le bébé. Si elle n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement, elle peut causer des complications graves pour la santé et même mettre en danger la vie de la mère et du bébé.
La prééclampsie peut-elle être évitée ?
Il n’existe pas de moyen sûr de prévenir la prééclampsie. Néanmoins certaines mesures peuvent aider à réduire le risque de développer cette affection. Telles qu’un régime alimentaire équilibré, une activité physique régulière et une surveillance médicale appropriée pendant la grossesse.